Voilà, tous les ans, je cours pour intervenir dans la bonne vingtaine de classes du collège.

En fait, je prends, 1, 2 ou 3 classes en même temps, sur des temps de perm, de Vie de classe etc. J'essaie de me faire accompagner par tous les volontaires (profs, vie sco., autres intervenants...).

J'ai maintenant 4 présentations différentes et progressives, 1 par niveau.

Les retours des familles sont très, très positifs. Et il y a un impact certains sur le comportement des jeunes : ça n'empêche pas les couacs, mais en 4 ans, il n'y a jamais eu de propos déplacés sur les jeunes du dispositif sauf par un élève arrivant en cours d'année !

Vous trouverez donc les 4 progressions dans les pages suivantes, dont les deux premières ici.

Le but est de :

-expliquer la différence entre trouble-déficience-maladie invalidante-dysfonctionnement et situation de handicap,

-présenter les élèves d'ULIS.

Entre 20 et 55 mn d'intervention face à 1, 2 ou 3 classes en même temps. Expéditif, pas de miracle, mais les retours sont très positifs : 

-meilleure acceptation des élèves en inclusion dans les cours et sur les temps informels (self, récréations, intercours),

-meilleure acceptation des autres élèves en situation de handicap dans les classes.

Cela part d'abord de convictions acquises tant dans ma vie personnelle, qu'en tant que professeure des écoles puis maitre E : on ne peut pas faire accepter ce que l'on ne nomme pas. Il est nécessaire de nommer les déficiences, les troubles, les situations handicapantes si nous voulons qu'elles soient acceptées par tous. C'est la méconnaissance qui provoque le rejet. Toutes émotions non formulées (ne serait-ce que pour soi) est une bombe à retardement.

1-Pour les élèves de 6ème.

Voici donc comment j'ai procédé avec le diaporama suivant :   

Télécharger « Présentation aux élèves.pdf »

1- La première diapositive présentant le titre que je lis à haute voix, je demande d'abord aux élèves s'ils savent qui je suis et quelle est ma fonction dans l'établissement. Déjà les réponses, sont intéressantes. Je donne donc mon nom puis ma fonction.

2- Sans autre préambule je leur pose la question "quelle est ma déficience ?" provocant ainsi tout de suite surprise, silence et questionnement. Certains réagissent "c'est quoi une déficience ?" ce à quoi je réponds que j'expliquerai plus tard, j'insiste "regardez-moi et dites-moi qu'elle est ma déficience ?" Il y a toujours eu un élève qui a trouvé "les lunettes !", ce sur quoi j'embraye aussitôt "oui, je suis déficiente visuelle comme beaucoup dans cette salle, et mes lunettes sont mon moyen de compensation. Si j'enlève mes lunettes, je suis en situation de handicap et ceux du fond de la classe seront heureux, car je ne les vois plus. Avec mes lunettes je ne suis pas en situation de handicap..." Voilà, tout est déjà dit, donc j'enchaine sur la seconde diapo que je lis et/ou commente un peu.

3- Arrive tout de suite la diapos 3. Je m'arrête un peu sur ce qu'est la mémoire de travail "c'est celle que vous utilisez tous les jours pour écouter les consignes de vos professeurs et exécuter ce qu'ils demandent. C'est aussi elle qui vous sert si vous voulez appelez quelqu'un dont vous n'avez pas enregistré le numéro de téléphone. Un copain vous le dicte, vous le gardez en mémoire le temps de le taper puis vous l'oubliez.  Lecture de la diapo. 

4- "Vous comprenez maintenant qu'une personne handicapée ça n'existe pas. Une personne peut avoir une déficience ou un trouble...il y a des moments où elle va être en situation de handicap, mais elle n'est pas handicapée !" diapo 4 "cette jeune femme, ou jeune fille, si elle est devant un ordinateur, est-elle en situation de handicap ? (Non unanime), si elle vient le jour du cross au collège (oui) ! Et ce garçon, devant un problème en mathématique ou un long texte à lire ? (Oui unanime) et le jour du cross ? (Non)"

5- "Les troubles, déficience, maladie invalidante, pas la grippe mais des maladies comme on en parle lors du Téléthon, et dysfonctionnement (dyslexie, dysphasie, dyspraxie etc.) sont définis pas des personnes du corps médical. Médecins, spécialistes, orthophonistes, ergothérapeutes... Ce ne sont pas les parents ou les professeurs qui peuvent dire que tel élève est dyslexique ou qu'il a un trouble...comme pour mes yeux, c'est l'ophtalmologiste qui a précisé ma déficience et m'a donné une ordonnance pour avoir le moyen de compensation le plus adapté, mes lunettes. Pour chaque trouble, dysfonctionnement, déficience, il va y avoir des situations de handicap, des moyens de compensation puis la personne peut bien sur avoir des forces."

6- Diapo 6. "Si je suis déficience visuelle sévère, cela veut dire que je suis... (aveugle). [NB, étonnamment le mot ne vient pas toujours tout de suite]. Donc, si je dois me déplacer en ville, je suis dans une situation handicapante, surtout s'il y a une foule ou une rue très passante. J'utilise, si j'ai les moyens un chien, mais souvent un bâton. À quoi sert le bâton ? (Réponses variées et justes, du type pour ne pas se cogner, pour repérer les petites bosses des passages piétons etc.) Mais pourquoi est-il blanc ? Les personnes aveugles ne le voient pas, on aurait pu le mettre de n'importe quelle couleur. (Temps délectable de réflexion intense !!! avant : pour qu’on les voit). Eh oui, si j'ai en face de moi, sur un trottoir, étroit une personne qui se déplace avec un bâton blanc que vais-je faire ? (On se pousse). Donc c'est grâce à mon mouvement, c'est grâce à moi, que cette personne ne sera pas en situation de handicap ! [RE délectable moment d'intense silence, yeux grands ouverts et réflexions internes tangibles].

7- Lecture un tout petit peu commentée de la fin de la diapo 6 et de la 7. Pour le trouble relationnel, comparaison avec la canne blanche de l'aveugle "... c'est en lui souriant ou lui disant bonjour, que pendant quelques secondes grâce à vous elle n'est plus en situation de handicap". La fin de la diapo, est une invitation à poursuivre si chacun le souhaite par la suite. Les diapos 6, 7, 8 et 9 sont imprimées en un A4 recto-verso pour être mis comme trace dans le porte-vues des "Parcours".

8- Là, je prends un temps pour présenter brièvement les élèves du dispositif ULIS. Je nomme les prénoms des élèves (qui ne sont pas forcément avec moi, sauf s'il s'agit de leur classe, mais je ne les "montre" pas !), je nomme sans entrer dans le détail les déficiences sauf pour celle où il y a une mise en danger dans les temps informels et qu'une vigilance de tous est nécessaire. J'explique ce qu'est un trouble du comportement par ex., l'attitude à adopter en cas de "crise" etc.

9- Diapo 8 et 9. Je lis-commente sans donner beaucoup la parole (faute de temps), en insistant par exemple sur "j'ai le droit de me sentir énervé quand j'ai près de moi une personne qui ne comprend pas rapidement, j'ai le droit de me sentir dégouté quand je vois une personne dont le visage est déformé par la maladie, j'ai le droit e=de me sentir très empathique d'avoir envie d'aider etc. j'ai le droit de tout ressentir et c'est normal ! Mais que puis-je faire pour ne pas faire souffrir l'autre... (ce à quoi une 3ème a répondu spontanément : je l'évite, ce qui a soulevé des réactions de camarades. J'ai validé sa réponse, en disant "si pour l'instant, je ne peux pas faire autrement, oui l'éviter est une solution.)

Et c'est tout !

Quand il y a eu le temps, j'ai répondu à des questions, des remarques...il y a parfois eu des élèves qui ont eu besoin de témoigner... et de temps en temps RIEN, pas une question, pas une remarque... mais 20 mn intenses.

2-Pour les élèves de 5ème.

Dire une fois ne suffit pas, il faut que les collégiens s'imprègnent avec du temps. De plus j'ai de nouveaux élèves à présenter.

Voici le nouveau diaporama qui va me servir auprès des élèves de 5ème, 4ème et 3ème qui m'on déjà entendu l'an passé .

Il reprend exactement les mêmes idées, avec une première partie sous forme de questions très rapides. Une diapo montre "en vrac" des noms de troubles et de déficiences. L'interpellation sur les émotions est faite avec de nouvelles images.

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