J'ai accepté cette année une mission de tutrice auprès d'enseignants en formation CAPPEI.

Ce qui m'intéresse, c'est qu'à travers nos échanges et leurs questions, je vais pouvoir pousser un peu plus loin mes réflexion et relire, revisiter mes propres pratiques. Je les remercie déjà de nos premiers échanges. Et tant qu'on y est, autant le faire partager au plus grand nombre... vous allez donc voir ici ou là dans mon blog, les traces de ce que nos discussions m'inspirent !

En début d'année, quels qu'en soient la forme (formelle ou non) et les contenus, nous faisons passer des évaluations qui doivent nous servir de diagnostiques pour mettre en place des progressions, ou pour le moins des actions afin que les élèves progressent.

Seulement, voilà, lorsque des élèves avec de multiples déficiences ou troubles, révèlent un niveau extrêmement faible par rapport au niveau moyen des élèves de sa classe, que fait-on de ces évaluations ???? Après avoir constaté qu'un tel  ne sait ni lire ni écrire et a un niveau de math de GS, qu'une autre a un niveau de milieu de cycle 2 et que tel autre...

Il me semble important de se poser pour éviter un écueil :

Nous ne sommes pas là pour réparer ce qui ne marche pas ! Quand un athlète à qui il manque une jambe, va voir un entraineur sportif, celui-ci n'essaie pas de faire pousser une nouvelle jambe ! 
Donc un élève qui arrive en 6ème en lisant comme un CP, ne saura pas lire comme un CM1 en fin d'année !

L'entraineur sportif va faire 2 choses :

1- en collaboration avec l'athlète et d'autres professionnels, il trouve la meilleur prothèse possible , c'est-à-dire le meilleur moyen de compensation pour la déficience ;

2- en collaboration avec le sportif, il voit ses capacités, ses limites actuelles et ses possibles. Il s'agit d'évoluer pas à pas dans le champ des possibles.

Il en est de même avec nos élèves pour qui nous sommes des accompagnants-entraineurs et surtout pas des réparateurs utopistes.
Les évaluations diagnostiques, servent donc à faire, avec chacun d'entre le tri entre :

-ce qui va être compensé (par des aide-mémoires, des ordinateurs, tablettes etc.) ;

-ce qui ne pourra pas être atteint, et il est important de se le dire et de le reconnaitre ;

-ce qui va pouvoir évoluer.

Et c'est là-dessus que nous nous engageons, comme un coach, à fournir les bons outils et les bons conseils, et que l'élève s'engage à faire le maximum d'efforts. Personne ne s'engage à réussir ni à atteindre tel ou tel objectif, car avec les déficiences et troubles, on se sait pas à l'avance quelles sont précisément les marges de progrès. Mais l'un et l'autre s'engage à progresser, à évoluer.